Pollution du sol
Quels sont les éléments susceptibles de polluer le sol de mon potager ?
- Les métaux lourds ou élément trace métallique (ETM)
Quand on parle de pollution des sols, et notamment des potagers, on évoque souvent les « métaux lourds » ou élément trace métallique (ETM). Cette famille reprend différents éléments chimiques qui sont plus ou moins toxiques pour les êtres humains et l’environnement. Parmi eux, le plomb, le cuivre, le cadmium, l’arsenic, le mercure, etc.Tandis que certains, comme l’arsenic, le plomb et le cadmium, peuvent poser un risque pour la santé humaine, d’autres, comme le cuivre, le zinc et le fer, sont des éléments dont nous avons besoin, en faible quantité, dans notre alimentation.
Contrairement à la plupart des molécules organiques, les métaux lourds ne sont pas dégradables. Ils sont par contre mobiles dans les différents compartiments de l’environnement (eau-sol-plante). Il est important de signaler que certains métaux lourds sont plus assimilables par les plantes/les légumes que d’autres (on parle de « biodisponibilité »). Le cadmium par exemple, est facilement accumulé par les légumes quel qu’en soit le type. Bien qu’il soit peu mobile dans le sol, le plomb est quant à lui assimilable par les plantes à des concentrations très variables. La manière dont les métaux lourds sont absorbés par les plantes est également dépendante des caractéristiques du sol telles que le pH (l’acidité du sol), la teneur en matières organiques, la concentration totale en métaux ou l’humidité du sol.
- Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (ou HAPs)
Les « HAP » sont des composés fortement toxiques et peu biodégradables qui se forment principalement suite à une combustion incomplète : carburant automobile, bois, charbon, incinérateur, etc. Le temps de dégradation varie fortement d’un HAP à l’autre. Certains HAP peuvent être cancérigènes. De manière générale, les HAPs sont peu assimilables par les légumes.
- Les pesticides
Utilisés pour lutter contre des organismes qualifiés de nuisibles, les pesticides sont des composés persistants et toxiques pour les êtres humains ainsi que pour l’environnement. La toxicité ainsi que le caractère persistant varient fortement d’un pesticide à l’autre.
D’où proviennent les polluants des sols ?
Les sources de pollutions des sols sont diverses. Elles peuvent être liées à la situation de la parcelle et son contexte historique mais également aux comportements du jardinier.
Situation de la parcelle et contexte historique :
Certains polluants, comme les métaux lourds, peuvent être naturellement présents dans le sol. Il arrive néanmoins que les pollutions résultent d’apports d’origine humaine.
Certaines activités industrielles peuvent en effet induire des pollutions du sol du fait d'une mauvaise gestion de déchets issus de l'activité ou des installations et directement mis en contact avec le sol (traitement de minerai, épandage de boues d’épuration non conformes, anciennes batteries au mercure, utilisation de l’arsenic par l’industrie du verre, etc.).
La pollution d’une parcelle peut également se faire par voie aérienne. La proximité par rapport à des industries ou à de grands axes routiers peut par exemple conduire à des pollutions en métaux lourds et en HAP.
La pollution de l’eau peut par ailleurs mener à la pollution du sol. On pense notamment aux eaux de ruissèlement parfois chargées en polluants (présence de voiries à proximité).
Les comportements susceptibles d’induire la pollution des sols
Il est important de veiller à éviter:
- l’utilisation de pesticides et d’engrais de type minéral ou organique de mauvaise qualité.
- l’utilisation des déchets de légumes cultivés sur un sol pollué pour faire son compost. Les tontes de pelouse provenant de sols pollués sont également à proscrire.
- l’épandage de cendres de bois qui contiennent potentiellement des HAPs et des métaux lourds.
- le stockage de déchets potentiellement problématiques : pneus, appareils à gasoil, frigos, appareils ménagers, batteries usagées, etc.
- l'utilisation d'eaux usées de mauvaise qualité pour arroser son potager.
Comment puis-je savoir si le sol de mon potager est pollué ?
Il est dans un premier temps conseillé de se questionner quant à l’historique et la situation de la parcelle concernée : avez-vous connaissance d’une activité antérieure susceptible d’occasionner une pollution du sol ? Une citerne à mazout était ou est-elle installée sur la parcelle ? Les terres proviennent-elles d’un remblai ? Cette parcelle est-elle située à proximité d’un grand axe routier ? Une pellicule huileuse se forme-t-elle sur les flaques d’eau ?
Vous pouvez en outre consulter la Banque de Données de l’Etat des Sols. Celle-ci recense, pour chaque parcelle cadastrale, les données disponibles au sein de l'administration liées à un état de pollution éventuel du sol.
Si, sur base de cette première réflexion, vous disposez d’éléments qui vous permettent de suspecter une pollution du sol, il est utile de prélever un échantillon de sol en vue de le faire analyser. Ce prélèvement peut soit être réalisé soi-même (voir conseils de REQUASUD) en suivant toutefois les recommandations du laboratoire qui analysera les échantillons, soit en faisant appel à un expert sol qui se chargera du contact avec le laboratoire.
Dans le cas de jardins de particuliers ou de potagers, ce sont essentiellement les pollutions aux métaux lourds qui sont analysées. Le coût pour l’analyse d'un profil de métaux lourds dans un seul échantillon peut s'élever à 100€ (prenez contact avec le laboratoire pour vous faire confirmer le coût de l'analyse).
Un échantillon est généralement composé d’un mélange de terres collectées au niveau de 10 points de prélèvement. C’est avec le laboratoire mandaté que le nombre d’échantillons nécessaires sera discuté, en fonction des caractéristiques de la parcelle. En effet, pour les jardins et parcelles potagères, l’analyse d’un échantillon est en général suffisante. Si toutefois la parcelle concernée comprend différentes zones susceptibles de présenter des concentrations en polluants différentes, il est parfois nécessaire d’analyser plusieurs échantillons. On pense notamment à des parcelles en pentes (dont la partie inférieure risque d’être plus impactée suite à l’écoulement des eaux) ; aux parcelles dont certaines zones sont composées de terres de remblai et d’autres pas ; aux parcelles comprenant une serre ; aux potagers composés de sous-parcelles, etc.
En plus des concentrations en polluants dans le sol, le laboratoire peut effectuer des mesures relatives aux qualités agronomiques du sol (pH, humus, minéraux, etc.). Ces facteurs impactent en effet le comportement des polluants dans le sol. C’est pourquoi il est également important de consulter le laboratoire mandaté pour interpréter les données résultant de l’analyse de votre sol.
Si les analyses mettent en évidence la présence de polluants dans le sol de votre potager, il peut-être judicieux de procéder à une analyse d’échantillons de légumes provenant de celui-ci.
- Liste des laboratoires agréés en analyse du sol :
https://dps.environnement.wallonie.be/home/sols/sols-pollues/liste-des-laboratoires-agrees.html
- Liste des laboratoires wallons spécialisés dans l'analyse des sols agricoles et subventionnés par le service public de Wallonie :
http://www.requasud.be/fr/laboratoires
Les laboratoires provinciaux :
Province du Brabant Wallon :
Laboratoire d'analyses à La Hulpe
Centre provincial de l'agriculture et de la Ruralité - ASBL Brabant Wallon Agro-Qualité
Rue Saint Nicolas, 17
1310 LA HULPE
02/656.09.70
Province du Hainaut :
Laboratoire d'analyses à Ath
ASBL CARAH
Rue Paul Pastur, 11
7800 ATH
068/26.46.90
Province de Liège :
Le Laboratoire de la province de Liège – site de Tinlot (en partenariat avec le Laboratoire Ernest Malvoz)
Rue de Dinant, 110
4557 TINLOT-SCRY
04/279.38.00
Province du Luxembourg :
Laboratoire d'analyses à Michamps
ASBL Centre de Michamps
Horritine 1
6600 BASTOGNE
061/21.08.20
Province de Namur :
Laboratoire d'analyses à Ciney
Laboratoire de l'Office Agricole de la Province de Namur - ASBL Opa-Qualité-Ciney
Rue de Saint-Quentin, 14
5590 CINEY
081/776816
083/218118
Selon la législation, y a-t-il des concentrations à ne pas dépasser pour les potagers ?
La législation en matière de pollution des sols est principalement régie par le décret du 1er mars 2018 relatif à la gestion et à l'assainissement des sols également appelé le « Décret Sol ».
Ce décret établit, dans son annexe 1, pour chaque type de polluants et pour chaque type d’usage du sol (agricole, résidentiel, industriel, etc.), une « valeur seuil » (VS) qui indique les démarches à entreprendre à partir d'un certain niveau de pollution.
Dans les situations soumises aux obligations du Décret sol, le dépassement de la valeur seuil (VS) implique :
- pour une pollution historique (c’est-à-dire une pollution survenue avant le 30 avril 2007) :
- de réaliser une analyse plus poussée de la pollution du sol.
- de prévoir un assainissement, uniquement s’il y a menace grave pour l’environnement et la santé.
- pour une pollution nouvelle (c’est-à-dire une pollution survenue après le 30 avril 2007) :
- de réaliser une analyse plus poussée de la pollution du sol.
- de prévoir un assainissement.
La culture potagère ne figure pas parmi les « types d’usage » repris dans le Décret Sol. L’interprétation des concentrations provenant d’analyses de sol de potager ne peut donc pas réellement se faire à la lumière des valeurs indiquées dans le Décret. Cependant, il peut être intéressant de se référer à l’usage « résidentiel » afin de se positionner sur une échelle de grandeurs et d’appréhender l’ampleur de la pollution du sol concerné. Dans le cadre du projet SANISOL va être développé un outil visant à évaluer le risque lié à la culture potagère sur base des résultats (concentrations en polluants) obtenus suite à une analyse du sol.
Il est par ailleurs important de spécifier qu’aucune obligation (d’information des autorités ou d’assainissement) ne découle du dépassement d'une "valeur seuil" observé suite à la réalisation d'une analyse de sol destinée à évaluer la qualité environnementale ou la fertilité de terres agricoles, de jardins cultivés, ou de terres potentiellement cultivables.
Exemple : Mon voisin m’indique que, suite à une analyse de sol, il a découvert que la terre de son potager est polluée par un métal lourd, le plomb. Cultivant mes légumes au jardin, je souhaite également investiguer la qualité de mon sol. J’envoie donc un échantillon à un laboratoire spécialisé en sollicitant une analyse pour le plomb. Le rapport d’analyse indique une valeur de 130 mg/kg de matière sèche. Afin d’interpréter ce résultat, je me réfère à l’annexe du Décret Sol qui reprend, pour chaque métal lourd, la valeur seuil, en fonction des types d’usage du sol (naturel, agricole, résidentiel, récréatif et industriel).
Type d'usage |
Sol (mg/kgmatière sèche) |
Eaux souterraines (µg/L) |
|||||
I |
II |
III |
IV |
V |
|||
Métaux/métalloïdes |
|||||||
plomb |
VS |
120 |
200 |
200 |
390 |
1840 |
10 |
Comme il s’agit d’un échantillon prélevé dans mon jardin, je considère les valeurs déterminées pour l’usage « résidentiel ». Je constate qu’avec une valeur de 130 mg/kg, je ne dépasse pas la valeur seuil (200 mg/kg). Je n’ai donc pas de raison de réaliser une analyse plus poussée de mon sol ou d’assainir celui-ci. Je suis cependant interpellé par la présence de plomb dans mon sol. Je consulte donc le laboratoire qui m’a envoyé les analyses de sols afin qu’il m’aide à interpréter les résultats obtenus au regard de la qualité agronomique du sol (pH, humus, minéraux, etc.). Celle-ci peut en effet impacter le comportement des polluants dans le sol. En présence d’un sol acide par exemple, un transfert non négligeable du plomb vers les légumes feuilles et les légumes racines est possible. Je décide par ailleurs de mettre en place les bonnes pratiques conseillées afin de minimiser mon exposition ainsi que celle de ma famille.
Si, au contraire, je constate qu’avec une concentration en plomb de 250 mg/kg, je dépasse la valeur seuil reprise dans le Décret Sol (200 mg/kg), il me sera conseillé de mandater un expert pour réaliser une étude de sol. Celle-ci permet d’estimer plus précisément l’ampleur d’une pollution et le risque potentiel qui est lié à cette pollution. La réalisation de cette étude, dont le coût peut être non négligeable, n’est pas une obligation dans la mesure où j’ai choisi d’analyser mon sol afin d’évaluer la qualité environnementale ou la fertilité de terres agricoles, de jardins cultivés, ou de terres potentiellement cultivables. Dans un futur proche, je pourrai également me référer à l’outil développé dans le cadre du projet SANISOL qui m’indiquera des recommandations au regard des résultats obtenus suite à l’analyse de mon sol. Entre temps, je décide de mettre en place les bonnes pratiques conseillées afin de minimiser mon exposition ainsi que celle de ma famille.
Quelles autorités ou organismes locaux/régionaux puis-je interpeller si je suspecte que mon sol est pollué ?
Dans un premier temps, vous pouvez questionner le conseiller en environnement de votre commune. Les autorités locales disposent en effet d’informations historiques parfois utiles à la caractérisation de la pollution d’un site.
Il est ensuite conseillé de vous adresser aux experts ou laboratoires compétents en matière de sols. Ceux-ci seront à même de vous fournir les informations nécessaires et de vous indiquer comment réaliser une éventuelle analyse de votre sol. Ce prélèvement peut soit être réalisé soi-même en suivant toutefois les recommandations du laboratoire qui analysera les échantillons, soit en faisant appel à un expert sol qui se chargera du contact avec le laboratoire.4
Liste des experts agréés dans le cadre du Décret sol: https://dps.environnement.wallonie.be/home/sols/sols-pollues/liste-des-experts-agrees.html
Vous pouvez ensuite vous adresser à la Cellule Permanente Environnement-Santé (CPES) du Service public de Wallonie qui dispose d’une équipe pluridisciplinaire pour ce qui concerne les problématiques « environnement-santé ».
Contact :
Par courrier postal: Avenue Prince de Liège 7, 5100 Jambes
Par email: environnement.sante@spw.wallonie.be
Par téléphone: 081/335.200
Retour à la liste par thématique | Section suivante : Risques pour la santé |