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Gare au catastrophisme
Polluants chimiques, pollution atmosphérique, rayonnement électromagnétique, perturbateurs endocriniens… Stop, n’en jetez plus ! Serions-nous tous malades, intoxiqués, contaminés? Pas de panique ! Si la vigilance est de mise, l’inquiétude, elle, n’est pas forcément indiquée.
Méfions-nous des conclusions hâtives.
D’abord, parce que le poids des risques environnementaux ne doit pas nous faire oublier l’existence d’une marge de manœuvre individuelle ou collective pour éviter ou limiter les risques. Nous pouvons agir concrètement, par exemple, en modifiant nos comportements alimentaires ou en réfléchissant mieux qu’autrefois l’achat des produits que nous utilisons sur nos lieux de travail ou dans notre habitat.
Ensuite, parce que les progrès de la science permettent d’identifier les risques de plus en plus tôt et d’une manière de plus en plus fine, ce qui peut contribuer - surtout dans un contexte d’allongement de l’espérance de vie - à donner une image dramatisante de la situation.
Enfin, parce qu’à la faveur d’une multitude de normes et de plans de lutte pour une meilleure santé environnementale, une série d’indicateurs n’ont cessé d’évoluer dans le bon sens ces dernières années.
Trois exemples pour mieux illustrer ces progrès.
- Il est rassurant de constater que la concentration de dioxines et de furanes dans le lait maternel des Wallonnes a été divisée par trois en vingt ans. C’est le résultat, notamment, de l’adoption de normes de plus en plus sévères quant aux émissions des incinérateurs de déchets ménagers.
- Grâce à l’utilisation de carburants à basse teneur en souffre dans les carburants, la concentration de SO2, un gaz irritant pour les voies respiratoires, n’est plus, aujourd’hui, un problème de santé publique majeur (en dehors de certains sites industriels ou de zones urbaines spécifiques).
- Enfin, grâce à l’interdiction du plomb dans l’essence, les concentrations de ce métal lourd dans l’environnement et, tout particulièrement, dans l’air ambiant de nos villes n’ont cessé de diminuer.
Ces exemples démontrent que les problèmes de santé et d’environnement ne sont pas des fatalités et peuvent être maîtrisés lorsque la volonté politique est présente.
Aujourd’hui, dans nos pays occidentaux, beaucoup d’experts estiment que le problème ne réside pas tant dans notre exposition à de fortes doses de contaminants, qui nous exposeraient à de sérieux risques biologiques ou toxiques ; il résiderait plutôt dans notre exposition à des doses faibles - voire très faibles - mais multiples et étalées sur un long laps de temps (on parle alors d’une exposition « chronique »).
Selon ces experts, l’un des plus grands défis de la médecine environnementale consiste à mieux connaître les effets « cocktails » des polluants chimiques, particulièrement lorsque l’exposition aux produits toxiques démarre tôt dans la vie, voire dès la vie dans l’utérus. La recherche sur ces « effets cocktails » en est encore qu’à ses débuts.