Evaluation des risques sanitaires

RisqueVivre à proximité d’une route fréquentée, d’une décharge, d'un sol pollué ou d’une source quelconque de pollution engendre des risques. Mais allez savoir s’ils sont importants ou légers, voire proches de zéro ! 

Pour quantifier les risques, il existe des méthodes bien précises qui ne laissent aucune place à l’improvisation. Celles-ci sont l’affaire d’experts. Mais que cela n’empêche pas le simple citoyen de s’informer sur le jargon pratiqué par ceux-ci, sous peine d’être largué dès la première étape.

 

Bien sûr, il y a les accidents, qui voient parfois des quantités importantes de pollution se répandre dans l’environnement. Mais, dans nos pays industrialisés, la contamination de notre milieu de vie est souvent le fait d’agents  - physiques, chimiques et biologiques - présents en quantité réduite, voire infime ou carrément située à la limite de la détection des appareils de mesure. De là, un casse-tête qui s’impose à tout qui veut quantifier le risque de vivre dans un environnement pollué, ou suspecté de l’être. Où mesurer les polluants? A quel moment? A quelle fréquence?

Pour répondre à cette complexité, l’Académie des sciences américaines a tenté de mettre au point, dans les années quatre-vingt, une approche structurée appelée « évaluation des risques ». Fameuse ambition !

  • Primo, parce qu’il n’y pas de meilleur mot qu’« incertitude » pour caractériser les problématiques de santé environnementale. Ainsi, encore aujourd’hui, quantité de nouvelles substances chimiques sont mises sur le marché (1) sans que toutes leurs propriétés aient été testées sur le plan toxicologique; de même, on ignore encore beaucoup de choses sur l’effet potentiellement démultiplicateur des « cocktails » de polluants.
  • Secundo, parce qu’une telle démarche est d’une grande complexité, s’articulant autour de quatre étapes rigoureusement distinctes : l’identification du caractère éventuellement dangereux d’un produit ou d’une substance ; l’estimation de la relation entre la dose et l’effet ; l’évaluation de l’exposition ; et, enfin, la caractérisation du risque.

 

L’évaluation des risques n’est pas une discipline figée. Elle fait appel à des outils et des concepts qui sont débattus parmi les experts. Citons les notions de « danger » et de « risque », sensiblement différents, mais aussi  le « principe de précaution ».

L’évaluation des risques fait aussi appel à des acronymes ou à des abréviations qui peuvent paraître rebutants au commun des mortels : la dose journalière admissible (DJA), la valeur toxicologique de référence (VTR), la valeur guide d’air intérieur (VGAI), etc. Ce jargon scientifique n’en est pas moins indispensable si l’on veut estimer quels risques court un individu ou un groupe face à une menace liée à son cadre de vie. Il fait le quotidien de deux types d’experts : les toxicologues et les épidémiologistes.

Ces dernières années, des évaluations des risques en matière environnementale ont été réalisées en divers endroits de Wallonie. Elles ont concerné, par exemple, les populations vivant à proximité des centres d’enfouissement des déchets (les « décharges »), des incinérateurs ou des cimenteries où des déchets sont éliminés. D’autres (Charleroi) ont été réalisées dans des quartiers exposés à de fortes concentrations de particules fines. D’autres, enfin, se sont penchées sur les risques courus par les jeunes enfants dans les piscines désinfectées par le chlore.

 

(1) Selon William Dab, ancien Directeur général de la Santé en France, il s’agirait d’un millier de substances nouvelles par an, s’ajoutant aux 100.000 substances chimiques déjà en circulation. Leur étude toxicologique ou épidémiologique serait à 70 % hors de portée pour des raisons de temps et d’argent (« Santé et environnement », Que sais-je ? 2012).