PFAS

Généralités

Qu'est-ce que les PFAS ? Et où les retrouve-t-on ?

L'acronyme PFAS (pour Poly- and Per- FluoroAlkyl Substances) désigne une famille de composés chimiques synthétiques fluorés qui présentent des propriétés physiques et chimiques particulières : résistance à la température, antitaches, hydrofuges, anti-graisses, etc. Les PFAS sont présents dans de nombreux produits de notre quotidien : vêtements techniques (imperméables, anti-feu, etc.), poêles antiadhésives, mousses anti-incendie, emballages alimentaires, etc.
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Nous pouvons ainsi être exposés aux PFAS dans notre environnement intérieur, parfois sur notre lieu de travail, à travers notre alimentation ou encore via l’eau potable que nous consommons.

Les PFAS contiennent tous des liaisons carbone-fluor très stables. Ils varient selon la longueur de leur chaîne carbonée. Ces liaisons chimiques stables en font des composés chimiques très peu dégradables une fois dans l'environnement. C’est la raison pour laquelle on les surnomme parfois les « forever chemicals » ou « composés chimiques éternels ».

Les PFAS sont-ils dangereux ?

Les caractéristiques physico-chimiques des PFAS font qu’ils ne sont pas dégradables et s'accumulent dans notre environnement, ce qui leur vaut le surnom de « polluants éternels ».

Or, il est à présent démontré scientifiquement que bon nombre de PFAS présentent une toxicité à des degrés divers pour la santé et les écosystèmes. Bien entendu, comme bon nombre de substances chimiques, plus la dose est importante, plus le risque l’est également.

Concrètement : quels sont les risques pour la santé si on a trop de PFAS dans notre corps ?

Selon  l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail en France), la toxicité de ces composés chimiques est multiple : ils provoquent une augmentation du taux de cholestérol, peuvent entraîner des cancers, causer des effets sur la fertilité et le développement du fœtus. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire. Cet effet des PFAS sur le système immunitaire a récemment été mis en exergue par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) qui considère que la diminution de la réponse du système immunitaire à la vaccination constitue l'effet le plus critique pour la santé humaine.

Existe-t-il des normes pour la concentration de PFAS dans l’eau ?

Les PFAS font partie de la catégorie des polluants dits "émergents", les normes sur cette substance sont donc récentes.

En 2026, 100 nanogramme/litre d’eau (ng/l), c’est-à-dire 1/10.000.000ème de gramme par litre d’eau, sera la valeur maximale pour la somme des concentrations mesurées de 20 PFAS spécifiquement identifiées dans la directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation.

Cette directive a été transposée en droit wallon avec un décret du 30 avril 2023 et un arrêté du Gouvernement wallon du 1er juin 2023. Ce dernier prévoit qu’au plus tard le 12 janvier 2026, les mesures nécessaires soient prises pour garantir que la teneur en PFAS ne dépasse pas 100 ng/l dans les eaux destinées à la consommation humaine. En pratique, même si le droit wallon ne s’applique pas encore, la norme de 100ng/l est déjà en application actuellement.

Quelles solutions sont déployées en cas de présence excessive de PFAS dans un captage d’eau?

Des traitements adaptés existent et sont efficaces pour limiter la présence des PFAS dans l’eau distribuée. Concernant le captage de Chièvres, la SWDE a mis en place un traitement par charbon actif. Le charbon actif présente un fort pouvoir adsorbant, c’est-à-dire qu’il retient à sa surface certaines molécules qui entrent en contact avec lui.

L’efficacité du traitement par charbon actif est surveillée et évaluée au cours du temps. Le charbon actif subit un traitement de régénération lorsqu’il est saturé.

Quelle est la situation des PFAS en Wallonie ?

Il est d'abord important de noter que la Wallonie, contrairement à la Flandre (3M), ne compte pas de producteur de PFAS sur son territoire mais uniquement des sites qui utilisent des PFAS.

L’administration wallonne réalise actuellement un cadastre complet de ces sites "à risques PFAS". Les sites utilisateurs les plus à risques visés par ce cadastre sont les suivants : les bases militaires, les casernes de pompiers, les sites de broyage de métaux, les sites industriels utilisant ou ayant utilisé des PFAS et les anciens centres d’enfouissement technique. Ces sites font l'objet d'une attention particulière de par leur usage de PFAS dans leurs procédés industriels (par exemple des mousses d’extinction d'incendies, contenant souvent des PFAS) ou bien de par la présence de déchets de biens de consommation composés de PFAS (poêles antiadhésives, vêtements techniques, emballages alimentaires, etc.). Ce sont les sites où les risques sont les plus importants.

Environ 200 sociétés ont été interrogées dans un premier temps afin d’identifier leur éventuelle utilisation de PFAS en Région wallonne. De plus, sur base des permis d’environnement, un peu plus de 5.000 entreprises ont été présélectionnées comme potentielles utilisatrices de PFAS et donc « à risque PFAS » (voir https://sol.environnement.wallonie.be/files/Expert/PFA%20TABLEAU.pdf). Cet inventaire est en cours d’élaboration et va être complété au fur et à mesure de l’évolution de l’état des connaissances des dossiers.

Par ailleurs, au moins 20 sites à risques PFAS devraient être investigués par l’ISSEP dans le courant de l’année 2024, suite à l’octroi d’une subvention par le gouvernement wallon. Les analyses porteront sur les sols et les eaux souterraines.

D’autres études sont en cours ou à venir dans le cadre des investigations prévues par le Décret Sols, dans le cadre également du renouvellement de permis d’environnement ou lors de l’étude de pollutions.  L'Administration a rédigé à cette fin une circulaire précisant les substances à rechercher et les activités à risque. Les masses d’eau souterraines vont également être progressivement investiguées.

Par ailleurs, depuis septembre 2023, un monitoring régional des PFAS dans l’eau de distribution est mis en place par la SWDE, ce qui anticipe le monitoring prévu dans la nouvelle Directive européenne sur l’eau potable dès 2026.

Où est en est le monitoring de l'eau de distribution concernant les PFAS entamé par la SWDE en septembre 2023 ? Y a-t-il déjà des résultats ?

L’analyse de la qualité relative aux 20 PFAS des 645 zones de distribution publique existant en Wallonie a débuté depuis septembre 2023 via une mission déléguée à la SWDE.

En date du 21 novembre 2023, 210 zones de distribution ont été analysées sur 645, soit 32,5% de l’ensemble du réseau de distribution, correspondant à un taux de couverture de 60% de la population wallonne. Le taux de conformité en PFAS de ces zones par rapport à la future norme de 2026 de 100 ng/L est actuellement de 100%.  Ces résultats évoluent quotidiennement.

En cas de dépassement constaté de la future norme de 100 ng/l, les communes seront désormais contactées sans délai par la SWDE.  Le monitoring de l’ensemble des zones de distribution sera mené en continu.

Ce monitoring va être accéléré afin de disposer au plus vite d'une vue exhaustive de l'ensemble des zones de distribution en Wallonie, de manière à ce que les citoyens et les autorités communales puissent être pleinement rassurés sur la qualité de l'eau de distribution fournie.   

Les valeurs relatives aux PFAS des zones de distribution gérées par le Région wallonne sont progressivement mises en ligne via l’outil « Qualité de mon eau » : https://www.swde.be/fr/water-quality

Les PFAS sont-ils présents dans le sang des wallons ?

Depuis 2019, la Wallonie a lancé deux programmes de biosurveillance humaine (biomonitoring) pour évaluer l’exposition des Wallons et des Wallonnes aux substances chimiques. Les résultats de cette biosurveillance montrent que l’exposition aux polluants des citoyennes et des citoyens wallons est globalement semblable aux valeurs observées ailleurs en Europe.

Quant aux PFAS, ils sont présents dans la très grande majorité des échantillons : sur les 7 PFAS analysés (PFOS, PFOA, PFHxS, PFHxA, PFHpA, PFNA, PFDA), cinq ont été quantifiés dans presque tous les échantillons de sang des adolescents et des adultes.

Les adultes wallons testés présentent des concentrations en PFAS comparables aux autres populations européennes ou nord-américaines recrutées récemment, mais 2 fois plus basses qu'une population recrutée 5 ans plus tôt, confirmant le déclin progressif de l'exposition à ces substances ces 10 dernières années. Les concentrations sont 2-3 fois plus basses chez les nouveau-nés que chez les adultes.

Toutefois, un risque pour la santé ne peut être écarté chez 1% des nouveau-nés, 6% des adolescents et 7% des adultes pour le PFOA et 8% des adolescents et 7% des adultes pour le PFOS.

Les PFAS, à l'instar d'autres substances chimiques, se cachent partout et s'accumulent dans le sang. Malheureusement, personne n'est actuellement à l'abri d'une contamination à cette substance, étant donné leur présence dans de nombreux biens de consommation notamment.

Biomonitoring Humain Wallon (BMH-Wal) - Portail Environnement-Santé (wallonie.be)

Quelle est la situation exhaustive des PFAS en Wallonie ?

La Wallonie ne dispose actuellement pas encore d'une vision exhaustive des sites potentiellement problématiques : les pompiers ne disposent pas de cadastre de leurs interventions et la plupart des dossiers de permis d’environnement ne sont pas encore informatisés.

De plus, actuellement, la plupart des PFAS ne sont pas classés officiellement comme substances dangereuses. Ils ne sont dès lors pas repris sur les Fiches de Données de Sécurité des substances ou mélanges pour lesquels les entreprises demandent une autorisation de stockage.

Dans l’attente de ce cadastre, si les études de sols sont effectuées sur des sites qui accueillent ou ont accueilli des activités « à risque PFAS » reprises dans Novum Sub Sole 90 (wallonie.be), les experts doivent faire analyser les PFAS en tant que paramètres suspects.

Pourquoi n'interdit-on pas les PFAS ?

L'autorisation de mise sur le marché de ces substances relève de la compétence européenne.

Il est impératif d’arrêter la diffusion de ces polluants sur le marché européen pour avoir une action structurelle et éviter de continuer la dispersion des PFAS dans l'eau et l'environnement. Pour cela, une révision du règlement européen REACH est nécessaire.

L'eau de distribution peut-elle être consommée ?

L'eau distribuée en Wallonie répond aux normes sanitaires prévues par la législation européenne et wallonne. Ces normes ont d’ailleurs été revues par la récente Directive sur l’eau potable, désormais transposée et renforcée en droit wallon. La Wallonie a souhaité aller plus loin, en ajoutant notamment des normes spécifiques relatives à certains perturbateurs endocriniens et en anticipant le monitoring de substances chimiques préoccupantes dans l’eau de distribution dont les PFAS.

Pour rappel, les concentrations en PFAS dans les communes desservies par le puits de Chièvres sont toutes revenues en-deçà du seuil de 100 ng/L depuis mars 2023. De plus, le monitoring régional entamé en septembre 2023 montre que la totalité des résultats investigués jusqu’à présent à l’échelle wallonne sont en-deçà de la future norme de 100 ng/l.

Le cas spécifique du puits de captage de Chièvres

Est-il vrai que les concentrations en PFAS à Chièvres étaient supérieures à la future norme de 100 ng/L entre octobre 2021 et mars 2023 (moyenne de 282ng/L) ?

Oui, des dépassements de cet ordre ont été observés au captage de Chièvres durant cette période.  Différentes solutions ont été mises en place (voir supra), pour faire baisser ces concentrations.

Le mélange avec une autre ressource eau a permis de réduire la teneur en PFAS d’environ 35% en 2022. Depuis mars 2023, les teneurs observées sont en deçà de la norme de 100 ng/l qui sera en vigueur en 2026. L’analyse hebdomadaire de fin octobre 2023 fait apparaître que la somme des 20 PFAS est de 19 ng/l.  

Quelles actions ont été entreprises une fois que la pollution a été constatée ?

Dès juillet 2021, la SWDE a effectué un contrôle renforcé du captage de Chièvres, en comparant les résultats d’analyse à la future norme qui entrera en vigueur en 2026.

La SWDE a adapté son programme de contrôle et a dosé mensuellement les PFAS dans le château d’eau et dans le puits P1.

Cette surveillance étroite montre que les teneurs en PFAS sont stables au cours du temps.

En juin 2022, un plan d’action a été sollicité auprès de la SWDE afin de réduire la concentration en PFAS. La SWDE a dans un premier temps diminué de moitié le débit pompé au niveau de Chièvres P1 pour limiter au maximum l’utilisation du puits problématique et a procédé à des mélanges d'eau afin de réduire la concentration en PFAS.

Parallèlement, la SWDE a réalisé des études pour déterminer l’efficacité d’un système de traitement par charbon actif, une solution inédite en Belgique et dont l’efficacité restait à prouver. La mise en place de cette technologie a donc nécessité du temps d'étude et d'installation pour garantir sa performance. A ce jour, ce dispositif s'est montré très efficace pour diminuer la concentration en PFAS. En effet, depuis mars 2023, les teneurs observées sont en deçà de la norme de 100 ng/l qui sera en vigueur en 2026.

L’analyse hebdomadaire de fin octobre 2023 fait apparaître que la somme des 20 PFAS est de 19 ng/l.

Pourquoi n'y a-t-il pas eu de communication vers les habitant.e.s de Chièvres et environ ?

Avant mai 2023, seule la Région était informée puisqu’il n’y avait pas de danger imminent.  La norme en matière de PFAS entre en effet en vigueur en 2026.

La SWDE a informé les autorités communales de Chièvres, Ath, Beloeil, Jurbise et Leuze-en Hainaut, à partir de mai et juin 2023. La commune de Beloeil a relayé cette information à ses administrés en juin 2023.

Quelle est l'origine de la contamination à Chièvres ?

A ce jour, nous ne connaissons pas l’origine précise de cette contamination de l’eau. Les PFAS sont en effet des substances diffuses et persistantes, présentes dans un grand nombre de produits de notre quotidien (poêles antiadhésives, emballages alimentaires, cosmétiques, etc.) et dans certains processus industriels comme l'utilisation de mousses d'extinction d'incendie fluorées. Ces mousses anti-incendie étaient alors souvent utilisées sur les bases militaires. Il est possible dès lors que la contamination provienne de la base militaire de Chièvres, située à proximité.

Les habitants desservis par le puits de Chièvres peuvent-ils boire de l’eau du robinet ?

Oui, depuis mars 2023, les teneurs observées en PFAS sont en deçà de la norme de 100 ng/l qui sera en vigueur en 2026.

L’analyse hebdomadaire de fin octobre 2023 fait apparaître que la somme des 20 PFAS est de 19 ng/l.