Le Bisphénol A
Le Bisphénol A est l'un des perturbateurs endocriniens à avoir fait le plus parler de lui depuis quelques années. Et ce n'est pas un hasard ! Il est, aussi, l'un de ceux ayant fait l'objet des premières mesures de protection des consommateurs. Particulièrement au bénéfice des bébés, dont les biberons et les tétines en contenaient autrefois.
S'il fallait attribuer le titre de champion à un perturbateur endocrinien, ce serait sans aucun doute le Bisphénol A (BPA) qui monterait sur le podium.
Non pas qu'il soit nécessairement le plus toxique, mais il est en tout cas largement utilisé dans notre environnement quotidien, même si les produits qui le contiennent sont petit à petit placés sous un contrôle plus strict.
On l'utilise en effet comme antioxydant dans la fabrication des matières plastiques et des résines dites "époxydes", celles-là même qui revêtent l'intérieur des boîtes de conserve et des cannettes.
Il sert aussi de rigidifiant dans certains emballages plastiques et la vaisselle en polycarbonate (jetable).
Il est également utilisé pour faciliter la lisibilité de certaines étiquettes de caisse.
Autant dire, qu'excepté les expositions dans le cadre industriel, le grand public dans son ensemble est concerné par le Bisphénol A.
La situation la plus délicate est celle où il parvient à "migrer" des contenants plastiques de conservation vers les aliments chauds et/ou acides.
Plusieurs études scientifiques réalisées sur les souris et les chiens ont démontré que le BPA ingéré par voie orale était capable de passer dans le sang.
Exposées à de très faibles doses pendant leur vie utérine, les souris mâles voient le poids de leur prostate augmenter anormalement, alors que les femelles sont frappées par des anomalies dans le développement de leurs glandes mammaires.
Chez le chien, on a constaté des phénomènes de la même nature, qui font craindre des effets sur l'homme.
Des soupçons portent également sur le BPA en tant qu'agent contribuant à la formation du cancer du testicule et du cancer du sein.
De tels résultats ont mené le Conseil Supérieur de la Santé (CSS), en Belgique, à réclamer une diminution de l'exposition de la population au BPA.
Depuis le 1er janvier 2013, il est interdit dans tous les contenants alimentaires destinés aux enfants.
Quelques années plus tôt, il avait été interdit dans tous les biberons vendus en Europe.
Le CSS va plus loin puisqu'il estime "prudent" de réduire l'exposition à ce produit "même à des valeurs inférieures à la dose journalière admissible (DJA)".
Cette DJA est importante puisque c'est elle qui, traditionnellement, fixe les limites en-dessous desquelles le risque associé à la consommation d’un produit est considéré comme acceptable.
Il est donc conseillé de limiter notre consommation d'aliments vendus en cannette ou en boîte de conserve et d'éviter l'utilisation de contenants en plastique usagés ou détériorés.
Ces conseils valent tout particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge.
Enfin, si l'on manipule fréquemment des tickets de caisse, il est recommandé de s'assurer auprès du fournisseur de papier que celui-ci ne fait pas appel au BPA. A fortiori en cas de grossesse.