Toxicologue

Corinne Charlier, toxicologue

La chimie au quotidien

charlier_portrait_Rszd.jpgEn 2002, Corinne Charlier, toxicologue au Centre hospitalier universitaire de Liège (CHU), tente de publier les résultats d’une étude scientifique sur les perturbateurs endocriniens.

A cette époque, l’attention médiatique n’était pas encore focalisée sur ces substances chimiques qui, en imitant les hormones naturelles, sont suspectées de jouer un rôle dans le développement de certaines pathologies graves (comme les cancers par exemple). Mais sa publication est refusée avec le commentaire suivant : « si ces résultats étaient exacts, ce serait vraiment très préoccupant…».

Aujourd’hui, l’inquiétude suscitée par ces perturbateurs, présents jusque dans la mince couche plastique qui tapisse nos canettes et nos boîtes de conserve, est l’objet d’une attention particulière chez les scientifiques et à l’OMS. Et les préoccupations santé/environnement ont gagné bien d’autres terrains. De là, l’importance de certaines tâches de surveillance.

« Notre service de toxicologie réalise des analyses de risque relatives à la qualité de l’air dans les écoles et les crèches, par exemple à la demande du personnel ou de parents inquiets. Sur la base de résultats d’analyse d’échantillons d’air réalisés par des laboratoires agréés, nous effectuons des évaluations du risque lié à la présence de produits chimiques tels que le benzène, le formaldéhyde, certains pesticides, etc. A partir de là, nous préconisons des mesures qui vont de la simple aération à l’évacuation des lieux en passant par divers aménagements ».

Le service que dirige aujourd’hui Corinne Charlier travaille également avec l’Agence wallonne de l’air et du climat (AwAC). Ici, c’est l’air extérieur qui est concerné. « Nous validons de nouveaux critères pour des centaines de produits chimiques. Sur la base de la littérature scientifique existante, nous tentons d’adapter ces critères en fonction des normes européennes et nous voyons si nos méthodes de dosage sont capables de les respecter ». En collaboration avec la Cellule Risques d’accidents majeurs de la Région wallonne, l’équipe de toxicologues contribue également à réactualiser les périmètres de sécurité autour des sites « Seveso ».  Parallèlement à ses missions santé et environnement, il réalise d’autres tâches de toxicologie (clinique, judiciaire et industrielle) notamment à la demande des Parquets.

La caractéristique majeure du travail de la toxicologue ? La grande diversité des tâches, mais aussi la précision. « Nos déterminations analytiques, nos rapports d’expertise doivent être d’un degré de précision irréprochable », commente-t-elle. Mais aussi le besoin de transparence. Explication : « Nous autres, les experts, mais aussi les autorités politiques, nous sommes trop timorés en matière d’information à la population. Si nous nous contentons du discours « tout va bien, ne craignez rien », nous courons le risque, en cas de problème ultérieur, de voir la confiance avec la population rompue. Le public, lui, doit apprendre à vivre avec certains risques. Mais il nous revient de lui expliquer qu’ils sont connus et maîtrisés ».