Microbiologiste
Nadine Burlion, microbiologiste
A l’affût des germes
Entérocoques, colibacilles, cyanobactéries, microcystines… Stop, n’en jetez plus ! Si tous ces termes n’évoquent rien pour vous, sachez qu’ils constituent le quotidien des microbiologistes.
L’une de ces spécialistes, Nadine Burlion, est responsable depuis vingt ans de la cellule de microbiologie de l’Institut scientifique de service public (ISSeP) de la Région wallonne. La devise de ce para-régional : « Etudier l’environnement pour qu’il respire la santé ».
Tout un programme, dont la responsabilité, en matière de microbiologie des eaux de surface, revient entre autres à la biologiste et à ses collègues.
L’objectif de l’équipe consiste à vérifier que l’eau respecte les normes de qualité légales lorsqu’elle est consommée ou utilisée à des fins récréatives. Parmi ses champs d’investigation figurent les zones de baignade : lacs, étangs ou rivières accessibles aux nageurs et touristes. « Entre juin et septembre, nous visitons chaque site officiel de baignade au rythme d’une visite hebdomadaire. Nous y prélevons divers échantillons - grâce à une équipe préleveurs spécialisés - que nous analysons ensuite dans nos laboratoires à la recherche de bactéries indicatrices telles que les Escherichia coli ou les entérocoques intestinaux. Leur présence indique une pollution par des matières fécales, animales ou humaines, susceptibles de contenir des entérovirus bien plus dangereux pour l’homme. Dans les retenues d’eau extérieures, nous surveillons tout particulièrement la présence de cyanobactéries (micro-algues) capables de produire des toxines dangereuses ». Que l’on ne s’y trompe pas : si la surveillance de ce type de germes permet de limiter l’exposition des nageurs à de « simples » gastroentérites, il est parfois question de pathologies bien plus préoccupantes : infections urinaires, méningites, hémorragies internes, etc.
La cellule de microbiologie de l’ISSeP a également pour mission de vérifier la bonne gestion des piscines accessibles au public (piscines communales, hôtels, clubs de fitness…) « Chaque année, nous visitons à l’improviste entre 180 et 200 établissements. Nous y vérifions que tout est en ordre au niveau administratif et que la qualité de l’eau est régulièrement évaluée grâce à un autocontrôle. A cette occasion, des échantillons d’eau sont également prélevés et analysés au laboratoire pour vérifier que les normes de qualité sont respectées ».
Depuis plus d’une dizaine d’années, la cellule de microbiologie se concentre sur la détection des légionelles. Cette bactérie peut provoquer une pneumonie grave, parfois létale. Ces bactéries se développent dans toutes les eaux chaudes telles que les tours de refroidissement, réseaux de distribution d’eau sanitaire, douches, etc. « Pour ce type de pathogène, nous visitons sur demande des collectivités comme les maisons de repos, les hôpitaux, les industries. Parfois, nous intervenons à la demande lorsqu’un particulier, le médecin de famille ou le responsable de l’hygiène d’une entreprise suspecte un cas de légionellose ».
Quelle que soit la bactérie recherchée, la méthode de base est la même : prélèvement, mise en culture de l’échantillon et incubation. Un rapport est rédigé après identification et comptage des germes. « Il nous est arrivé d’intervenir en urgence lorsqu’un patient était décédé d’une légionellose, se rappelle Nadine Burlion. Dans ce genre de situation, il est vital de vérifier que l’entourage ne risque rien s’il continue de vivre au domicile du défunt. Dans ces moments-là, le sentiment d’être utile est direct et immédiat ».
Le plus fondamental dans ce métier ? « Rester dans un état permanent de veille technologique. Car les techniques de détection des germes évoluent sans cesse, surtout grâce aux avancées de la biologie moléculaire. Il importe de rester prudent face à certaines méthodes qui, tout en étant très pointues, n’ont pas encore démontré leur totale fiabilité ».