Un tableau changeant

electrocardiogrammeCertaines maladies environnementales sont en progression, d’autres sont en voie de disparition. D’autres, enfin, sont encore mal connues ou ne font que s’annoncer dans un avenir incertain.

 

Les maladies liées à un environnement dégradé semblent en augmentation. La fréquence de l’asthme, par exemple, a doublé en quinze ans dans les pays européens. Pour certains experts, cette augmentation est à mettre en lien avec certaines formes de pollutions atmosphériques dont les particules fines. Mais une autre explication est également évoquée. L’hygiène poussée à son extrême ! A force d’aseptiser notre cadre de vie, nous nous serions rendus plus sensibles aux agents infectieux qui inévitablement finissent toujours par envahir celui-ci. Ces agents profiteraient de l’immunité mise en léthargie dans nos organismes. Comme toujours, l’attribution de la maladie à une cause unique est une voie hasardeuse.

A l’inverse, certaines maladies liées à l’environnement, par exemple les cas de saturnisme (causés par l’ingestion ou l’inhalation de plomb), sont en régression. On s’attend  également à ce que les mésothéliomes (cancers de la plèvre) ou les cas d’asbestose, après une phase de progression, diminuent ensuite rapidement suite à l’interdiction généralisée de production d’amiante en Europe à la fin des années nonante.

Aujourd’hui, dans nos pays occidentaux, beaucoup d’experts estiment que les problèmes de santé environnementale résident plus dans notre exposition à des doses faibles - voire très faibles - mais multiples et étalées sur un long laps de temps plutôt que dans notre exposition à de fortes doses de contaminants (physiques, biologiques ou chimiques). Ces expositions sur le long terme sont alors qualifiées d’expositions « chroniques ». Ainsi, l’un des grands défis de la médecine environnementale actuelle consiste à mieux connaître les effets « cocktails » (multiplicateurs) des polluants chimiques présents en quantités infimes dans l’environnement. C’est particulièrement le cas lorsque l’exposition démarre tôt dans l’enfance, voire dès la vie utérine.

Si une longue série de produits sont relativement bien connus pour leurs propriétés mutagènes ou cancérogènes (dioxines, furanes, hydrocarbures polycycliques, PCB…), la science s’intéresse de plus en plus à une autre de leurs propriétés : la  perturbation endocrinienne. En imitant certaines hormones, ces produits seraient à l’origine de modifications dans le développement de l’appareil reproducteur, de retards de croissance intra-utérine, voire de perturbations dans les apprentissages et les comportements.

En fait, tant les progrès de la recherche que l’irruption brutale de certaines technologies dans notre environnement créent ou dévoilent de nouvelles formes potentielles de toxicité. C’est le cas, par exemple, du lien possible entre l’exposition aux résidus de pesticides et l’obésité et le diabète  ou encore de la faculté de certains matériaux issus de la nanotechnologie à migrer à travers le corps humain (y compris la membrane cellulaire et la barrière hémato-encéphalique) et à atteindre tous les organes. Toutes sortes de champs qui sont en pleine phase d’exploration et qui, probablement, amèneront leur lot de découvertes étonnantes, en raison du décalage temporel entre les révolutions technico-industrielles et les évaluations scientifiques et sanitaires des nouveaux produits.