Bonnes pratiques de culture

Quelles sont les bonnes pratiques à respecter pour limiter les risques pour ma santé si le sol de mon potager est pollué?

Il existe plusieurs voies d’exposition aux polluants présents dans le sol : la consommation de produits du jardin (légumes et fruits) mais également l’ingestion, l’inhalation ou le contact cutané avec de la terre polluée. Il y a donc lieu de respecter certaines « bonnes pratiques » et de systématiser certains comportements qui permettront de réduire le risque lié à ces différentes voies d’exposition.

Consommation de fruits et légumes Ingestion de terre polluée / transfert cutané Inhalation (respiration) de particules du sol

Privilégier la culture potagère « hors-sol ».

Il est conseillé d’utiliser des bacs en bois déposé sur le sol et isolé de celui-ci par un géotextile.

L’origine des terres utilisées dans ces contenants devra être connue afin de se prémunir de toute pollution.

Nettoyer les alentours de la maison par voie humide (terrasse, appuis de fenêtre)

Se limiter aux légumes-fruits.

Cette famille a moins tendance à fixer les polluants présents dans le sol, à l’exception des haricots et des tomates dont le comportement est variable.

Les légumes-racines, les légumes-feuilles et les aromates présentent un risque plus important et ne devraient donc pas être plantés en pleine terre si le sol est pollué.

 

Légumes-fruits : aubergines, courgettes, concombres, poivrons, courges, maïs, oignons, etc.

Légumes-feuilles : salades, choux, bettes, etc.

Aromates : persil, basilic, thym, menthe, etc.

Légumes-racines : radis, carottes, navets, rutabaga, betterave, etc.

Enlever les vêtements sales et chaussures de jardin à l’extérieur de la maison.

Eviter d’utiliser les déchets de légumes provenant du potager ou de tonte de pelouse dans le compost du jardin.

Il est également déconseillé d’utiliser les cendres du poêle/du barbecue pour enrichir le sol.

Brosser les animaux domestiques à l’extérieur de la maison afin d’éviter qu’ils n’amènent des particules de sol à l’intérieur de la maison.

En plus, d’un lavage minutieux, les légumes-racines et tubercules sont préférentiellement épluchés (pommes de terre, radis, carottes, navets, rutabaga, betterave, etc.)

Nettoyer le sol de la maison à l’eau.
Eliminer les feuilles extérieures des légumes feuilles (salades, choux, épinards, etc.) Eviter le contact direct entre des mains souillées de terre et la bouche quand on est au jardin.

Couvrir le sol d’un paillage (copeaux, film plastique biodégradable, etc) pour éviter la mise en suspension de particules de sols (sous l’effet du vent par exemple).

Veiller à la bonne qualité de l’eau de pluie si celle-ci est utilisée pour arroser les plantations.

Se couper les ongles courts et se laver méticuleusement les mains et le visage en revenant du jardin.  
 

Laver soigneusement les légumes récoltés avant de les consommer. L’utilisation d’eau additionnée d’un demi-verre de vinaigre blanc permet de faciliter cette opération.

 

 

 

Certains légumes ont-ils tendance à plus concentrer les polluants ? Sur sol pollué, faut-il dès lors privilégier la culture de certains légumes?

Certaines plantes potagères sont en effet plus enclines à absorber les polluants présents dans le sol. Plusieurs études ont permis d’identifier des légumes dont la culture sur sol pollué présente un risque sanitaire plus important. Il ressort par exemple que la laitue est le légume qui a le plus tendance à prélever l’arsenic, le cadmium, le cuivre et le zinc.

Il est néanmoins important de préciser que, pour une même concentration dans le sol,  l’accumulation de polluants dans les légumes est dépendante de différents facteurs tels que son stade de maturité, la nature du polluant, l’espèce et la variété de la plante concernée, les pratiques culturales du jardinier, les propriétés du sol (son acidité par exemple).

Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’est donc pas évident de préconiser la culture de certaines plantes potagères en fonction du polluant présent dans le sol.

De façon générale, on peut considérer que les légumes-fruits et les légumes-graines sont à privilégier. Cette famille (qui comprend les aubergines, courgettes, concombres, potiron, etc.) a moins tendance à fixer les polluants présents dans le sol, à l’exception des haricots et des tomates dont le comportement est variable. Les légumes-racines (radis, carottes, navets, rutabagas, betteraves, oignons) présentent quant à eux une tendance intermédiaire à accumuler les polluants. Etant donné le contact direct des légumes avec la terre, il est important de procéder à un lavage méticuleux avant la consommation et, si possible, à un épluchage. Les légumes-feuilles (salades, choux, bettes, etc.) ont une plus forte propension à concentrer les polluants. L’aptitude maximale est observée chez les aromates (persil, menthe, basilic, etc.) qui accumulent les polluants de façon très importante. La culture de ces deux dernières catégories de légumes (feuilles et aromates) à même le sol est donc à proscrire. Il est par contre envisageable de les cultiver dans des bacs potagers remplis d’un substrat (terre ou terreau) dont la provenance et la qualité sont connues.

Est-ce qu’en évacuant la couche de surface de mon potager, je réduis le risque de contamination de mes légumes ?

On observe souvent une diminution drastique des concentrations en métaux lourds dans le sol après 40-60 cm de profondeur. L’excavation de la couche de surface du potager pourrait donc permettre de réduire le risque de contamination des légumes. Cependant, l’évacuation de tels volumes de terre implique des coûts très importants et une gestion des terres excavées (une fois excavées, les terres relèvent également de la législation « déchets »). Considérant ces inconvénients, il est conseillé de privilégier l’installation moins coûteuse et moins chronophage de bacs de plantation hors-sol.

Les fruits cultivés sur sols pollués peuvent-ils également être contaminés ?

Il semble que, comparativement aux légumes, les fruits (pommes, poires,…) ont moins tendance à absorber les polluants présents dans le sol. L’explication de ce phénomène réside probablement dans la nécessité pour l’arbre de protéger les semences des polluants. Certaines études indiquent que les petits fruits et baies (groseilles, framboises, mûres, fraises…) peuvent dans certains cas être contaminés. Ce degré de contamination différent entre fruits et petits-fruits s’explique peut-être par la profondeur à laquelle les racines puisent les nutriments. En effet, les racines des arbres fruitiers vont puiser les nutriments dans les couches plus profondes et moins polluées du sol. Il est également probable que les contaminations liées aux dépôts atmosphériques soient plus difficiles à éliminer par le lavage vu la taille et la fragilité des petits fruits (framboise, fraise).

Au même titre que celles définies pour les sols, existe-t-il des valeurs seuils de contamination pour les légumes ?

Seul le Règlement européen n°1881/2006 portant fixation des teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires commercialisées détermine des seuils de concentration en plomb et en cadmium à ne pas dépasser pour les fruits et légumes.

Puis-je récolter et réutiliser les graines de légumes lorsque le sol de mon potager est pollué?

Il semblerait que la plupart des fruitiers et légumes-fruits aient mis en place des mécanismes visant à limiter le transfert des polluants vers le fruit, probablement dans le but de protéger la semence et d’assurer la survie de l’espèce. Par ailleurs, compte tenu de la taille réduite des semences, il est fort probable que la quantité des éventuels polluants atteignant les parties consommables des légumes soit minime. Néanmoins, en l’absence de certitude scientifique, il est préférable d’éviter l’utilisation de semences issues d’un potager pollué.

Est-il possible d’éliminer les métaux lourds présents dans les légumes en les faisant bouillir (légumes en soupe) ou en les congelant?

Les métaux lourds n’étant pas dégradables, ni la congélation ni la cuisson à haute température ne permettent de les éliminer.

L’utilisation de fertilisants est-elle susceptible d’exacerber l’accumulation des polluants dans les produits du potager?

De manière générale, on considère que l’ajout de fertilisants organiques (terreau, compost) réduit l’absorption des polluants pour les plantes potagères car la matière organique adsorbe les métaux présents dans le sol et les immobilise. Il ressort cependant que ce principe ne peut être généralisé. Il arrive en effet que certains fertilisants induisent une accumulation plus importante dans les légumes. Il se peut également que les fertilisants soient eux même riches en métaux (engrais minéraux phosphatés mais également les amendements organiques comme le fumier et le compost). Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, aucune conclusion générale ne peut donc être formulée quant à l’intérêt des fertilisants.

Puis-je composter les déchets végétaux issus de mon sol pollué (tontes de pelouse, feuille de légumes ?

Si vous faites votre propre compost, il est recommandé d’éviter de composter les tontes de pelouses provenant de terrains pollués ainsi que les restes de légumes (épluchures, légumes flétris) qui ont été récoltés au potager afin de ne pas amplifier la pollution de celui-ci.

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