Alzheimer, un pesticide mis en cause

Alzheimer et PesticideUne étude suggère que le DDT d’autrefois (un insecticide puissant) pourrait jouer un rôle dans l’émergence de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui. Un pas de plus vers la compréhension de la maladie.

La maladie d’Alzheimer  touche  environ 130.000 Belges dont 39.600 en Wallonie et près de 5 millions d’Européens.

C’est une maladie du cerveau qui provoque une dégénérescence lente et progressive des cellules nerveuses et qui entraîne progressivement des pertes de mémoire, des changements du comportement, des problèmes d'orientation et des problèmes de communication.

La maladie d'Alzheimer est la forme la plus courante de démence.

 

C’est dire que, dans le contexte démographique du vieillissement de la population, les recherches scientifiques sur ses causes exactes méritent le détour!

Ces dernières années, divers travaux ont permis de découvrir plusieurs gènes intervenant dans le processus de dégénérescence des cellules du cerveau.

Mais les chercheurs soupçonnaient de longue date le rôle joué en parallèle par certains facteurs environnementaux.

 

L’étude menée récemment par l’Université Rutgers (New Jersey, Etats-Unis) ajoute clairement de l’eau à leur moulin.

Les chercheurs ont découvert que la quantité de DDT - en réalité, le DDE, le composé qui reste actif dans le corps après l’action du métabolisme - était près de quatre fois supérieure dans le corps des personnes atteintes par la maladie que chez les sujets sains.

Le DDT (le dichlorodiphényltrichloroéthane  si l’on préfère) est un insecticide longtemps utilisé contre les moustiques (lutte contre les vecteurs de la malaria, du typhus, etc.), mais interdit dans de nombreux pays (principalement occidentaux) en raison de sa persistance dans l’environnement et sa très lente dégradation.

De plus, le DDT a la faculté de s’accumuler dans les corps gras (huiles, graisses).

 

Son utilisation a été interdite chez nous dans les années septante mais certaines régions du monde l’utilisent encore.

En attendant des alternatives plus sûres mais tout aussi efficaces et abordables, le DDT est encore toléré principalement dans des pays tropicaux concernés par le paludisme seulement pour des utilisations intérieures (dans les maisons) ce qui doit en principe éviter les contaminations environnementales des cultures pratiquées dans ces régions.

 

Les chercheurs ont également découvert une partie du mécanisme par lequel le DDE agit sur les cellules du cerveau.

Attention ! Ces résultats ne signifient pas que le DDE est le principal responsable de la maladie d’Alzheimer.

Certains des 165 patients étudiés par l’équipe de Rutgers étaient malades d’Alzheimer sans avoir de DDE dans le sang.

Et, inversement, quelques patients sains étaient porteurs de concentrations relativement importantes de DDE.

Il n’empêche : les conclusions des chercheurs représentent un pas important vers la compréhension de la maladie d’Alzheimer.

Une fois de plus, elles suggèrent que ce genre de pathologie s’explique par la combinaison de facteurs génétiques et environnementaux.

L’influence respective de chacun doit encore être investiguée.

 

En savoir plus sur l’article de la revue « Neurology »:  “Environmental exposures and the risk for Alzheimer disease”, Steven T.Dekosky et Sam Gandy. Publiée dans Jama Neurology, 2014.